01 NOVEMBRE 2022
Tarek Elhor
Fondateur Brussels Surgical · Anesthésiste et médecin esthétique
Si la plupart des gens ont peur de l’anesthésie, c’est parce qu’ils ne savent pas exactement ce que c’est. Elle peut être locale pour supprimer la sensation de douleur sur une zone précise, ou générale pour endormir complètement le patient. Mais comment cela fonctionne-t-il ? Pourquoi avons-nous une appréhension ? Quels sont les types d’anesthésie existants ? Aujourd’hui, notre médecin directeur et anesthésiste prend la parole pour vous parler de son quotidien et vous expliquer ce qu’est une anesthésie.
Je me suis toujours demandé pourquoi beaucoup de gens ont peur de l’anesthésie. Je ne parle pas du petit stress que l’on peut ressentir avant de faire une présentation devant un large public ou d’être contrôlé par la police. Non, je parle de cette vraie frayeur de l’anesthésie, qui est si pesante qu’elle paralyse et empêche certaines personnes de se faire soigner.
Habituellement, avant une chirurgie, en plus des questions sur l’opération et le résultat, les patients font part de leurs pensées les plus profondes. J’entends souvent ces phrases :
« Docteur, j’ai peur :
● de perdre le contrôle. »
● de m’endormir sans plus jamais me réveiller. »
● de me réveiller pendant la chirurgie. »
Et parfois, quand les patients n’arrivent pas à s’exprimer directement, ils peuvent masquer leur peur par des questions et des interrogations :
● « Combien de temps faut-il pour me réveiller ? »
● « Que faites-vous exactement ? »
● « Et maintenant je vais dormir avec ce masque ? »
Et pourtant, lors de ma formation à l’ULB pour devenir un anesthésiste reconnu, personne ne m’a jamais parlé de l’origine de la peur envers les anesthésies et les anesthésistes. Mes maîtres de stage m’ont enseigné à exercer au mieux ce merveilleux métier qu’est l’anesthésie. J’ai appris à préparer une intervention, à organiser des consignes préopératoires, à monitorer les fonctions vitales et non vitales du patient, à opter pour la bonne technique, à m’adapter à la chirurgie, à bien choisir les drogues, à gérer les douleurs postopératoires... Mais je n’ai rien appris sur cette peur, sur la façon d’aider les patients à la surmonter.
Je dois vous avouer une chose. Même si l’anesthésie n’est plus un mystère pour moi, elle reste un événement impressionnant. Mais, pour la majorité des gens, c’est une expérience
irréelle, mythique, qui vous plonge dans les bras de Morphée. Aujourd’hui, après de nombreuses années de pratique, je veux préparer mes patients le mieux possible. Comme l’incompréhension est l’une des raisons principales de la peur, je vais vous expliquer plus en détail ce qu’est l’anesthésie. Vous pourrez ainsi maîtriser votre frayeur et rentrer en salle d’opération l’esprit tranquille.
Quand on tape le mot « anesthésie » sur Google, on tombe sur la définition donnée par Wikipédia :
« L’anesthésie est la suppression des sensations (et en particulier la sensation de douleur). Elle vise à permettre une procédure médicale qui autrement serait trop douloureuse. L’anesthésie peut viser un membre, une région ou l’organisme entier (anesthésie générale). L’anesthésie loco-régionale est aussi pratiquée dans les cas de douleurs chroniques. Le mot “anesthésie” provient du grec αἴσθησις, faculté de percevoir par les sens, combiné à l’alpha (α) privatif et au nu (ν) euphonique. »
Donc selon Wikipédia, si l’esthésie est la faculté d’utiliser ses sens ou de percevoir, l’anesthésie serait le fait de ne plus rien sentir ou de ne plus rien percevoir. J’avoue que définie comme cela, l’anesthésie peut faire peur. Si on me propose d’être anesthésié de la sorte, je refuse. Je m’imagine déjà sans mes 5 sens : je deviendrais aveugle, sourd, anosmique et tétraplégique. Je ne sentirais plus rien et ne bougerais plus rien. Ça ne fait pas rêver !
Heureusement que cette explication ne correspond pas à la pratique de l’anesthésie moderne. En fait, l’origine du terme anesthésie n’est plus en lien avec ce que nous faisons aujourd’hui. Voici la définition que je donne à mes patients :
L’anesthésie est l’action médicale exercée par un anesthésiste. Elle permet le déroulement optimal d’une procédure diagnostique ou chirurgicale dans un contexte de confort et de sécurité maximale pour le patient, tout en préservant ses fonctions vitales. Une fois terminée, le patient retrouve son autonomie préalable.
Il existe plusieurs types d’anesthésie. L’objectif n’est pas seulement d’endormir le patient. C’est le rôle de l’anesthésie générale. Il est également possible de supprimer la douleur sur une zone précise. L’anesthésie est alors dite locale ou loco-régionale.
L’anesthésie générale est l’état obtenu par l’action de plusieurs médicaments sur les systèmes nerveux et musculaires. Elle aboutit à des degrés variables d’hypnose (sommeil), d’amnésie (oubli), de nociception (absence de sensation ou de réaction à une stimulation) et de relâchement musculaire.
L’anesthésie locale ou loco-régionale résulte de l’effet d’un seul type de médicament sur la transmission de la douleur. Elle agit exclusivement sur le plan antalgique. La différence entre l’anesthésie locale et loco-régionale est l’étendue de la région.
En local, l’intervention se fait sur une seule zone, assez petite. Tous les médecins (chirurgiens ou généralistes) ont le droit de pratiquer une anesthésie locale. Mais certaines techniques sont réservées à l’anesthésiste, car elles nécessitent plus de surveillance et ciblent des blocs nerveux plus complets.
C’est le cas de l’anesthésie loco-régionale. L’objectif est de désensibiliser un groupe de nerfs relié à une partie du corps (jambe, main, etc.). La péridurale, bien connue, en fait partie.
Que l’anesthésie soit générale ou locale, le déroulement est à peu près identique. Il faut toujours commencer par une consultation préopératoire avec votre anesthésiste. Lors de ce rendez-vous, il examine vos antécédents médicaux, vos allergies, vos traitements en cours, etc. Il choisit ensuite le type d’anesthésie adapté à votre opération et à votre situation personnelle. Il vous explique le déroulement de l’anesthésie, les potentiels effets secondaires et les risques encourus.
Une anesthésie se déroule toujours à jeun. Il faut arrêter de consommer des aliments 6 heures avant l’intervention et la boisson claire 2 heures avant. Une liste d’aliments vous est remise lors de la consultation préopératoire.
Dans certains cas, la prise de médicaments doit être interrompue. L’anesthésiste vous en informe lors du premier rendez-vous.
Tout commence par les modalités de l’anesthésie. Cela prend environ 15 minutes.
Pour une anesthésie générale, quand le patient arrive au bloc opératoire, l’équipe médicale place une perfusion dans une veine et installe le matériel de surveillance. Des questions de sécurité sont posées avant de déclencher la procédure d’anesthésie. Parfois, l’anesthésiste vous demande de respirer un gaz anesthésiant dans un masque avant d’injecter le médicament par voie intraveineuse. Une fois que vous êtes endormi, l’intervention se déroule comme prévu et l’anesthésiste vous administre en continu des médicaments pour gérer votre sommeil et vos douleurs.
Une anesthésie locale peut se faire au bloc opératoire ou dans un cabinet de consultation. L’anesthésiste injecte ou applique sur la peau un produit pour insensibiliser l’endroit à opérer. Le médecin vérifie que la zone est engourdie et que vous ne ressentez aucune douleur avant de commencer l’intervention.
Nos équipes sont joignables du lundi au vendredi de 7h30 à 20h et le samedi de 08h à 15h.
Brussels Surgical & Esthetic Center
5ème étage du Louise Médical Center
Av. Louise 284, 1050 Bruxelles
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